Bon anniversaire, café populaire !

A Lyon, le café populaire fête son premier anniversaire !

Dès septembre 2021, la campagne présidentielle à Lyon a suscité de nombreux enjeux pour les militants engagés dans la campagne de l’Union Populaire. La diversité des collectifs militants et la difficulté à obtenir des locaux partout dans la ville, surtout dans les quartiers populaires, nous a posé question. Comment résoudre cette équation tout en ouvrant grand les portes de la politique à des citoyens désireux de s’y investir ? C’est en novembre 2021 que nous avons décidé de créer le café populaire, avec Jérôme Godard, militant non-encarté, ou plutôt « un pied dedans, un pied dehors » comme il aime à le rappeler.

Un pied dedans, un pied dehors

Nous avons investi plusieurs lieux avant de fixer notre choix sur un établissement situé dans le 7e arrondissement, plus précisément dans le quartier de la Guillotière. Ce quartier, rendu tristement célèbre par les reportages de CNEWS et les diverses instrumentalisations de la droite-extrême et de l’extrême-droite est un quartier populaire en plein centre de la ville. Il nous paraissait important d’être présents, pouvant ainsi infuser de la politique en plein cœur du quartier. Situé à quelques dizaines de mètres des axes de transports, le lieu est également central. La facilité d’accès nous paraissait importante pour ouvrir le débat politique à des citoyens intéressés, et ce, de toute la ville.

Pourquoi un lieu fixe ? Et pourquoi un établissement ouvert à toutes et à tous plutôt qu’un local militant ? Un lieu fixe permet à la fois le bouche à oreilles et l’implantation sur le temps long dans le quartier. Le lieu ouvert facilite la convivialité, chacun boit un verre, interagit avec les autres et une ambiance conviviale se noue. On a vu pendant des réunions des participants amener un ami, une connaissance, un collègue de travail, un camarade de promo pour les étudiants, juste « pour voir ». La dynamique militante étant là, beaucoup sont restés, viennent quand ils peuvent et certains sont présents depuis le début, juste « pour voir ». Dès lors, on peut considérer que le café populaire est un outil de transformation militante et peut mener des citoyens à s’engager dans des actions, à participer à des débats et à se former à l’aide de l’expérience des uns et des autres.

« Un pied dedans, un pied dehors » est l’esprit de ces réunions, à la fois pour les militants, mais également pour les élus. Dès le début de notre mandat, nous, élus insoumis au sein de la fédération Lyon en commun, nous sommes posé la question de la relation avec les citoyens et les militants que nous souhaiterions intéresser. Au-delà des réunions de GA, nous avons souhaité ouvrir le débat de deux manières. La première consiste en l’organisation de réunions de préparation des conseils d’arrondissements, mais également métropolitains. C’est ainsi que nous construisons nos interventions, prenons nos décisions avec les militants de notre arrondissement ou de la métropole désireux de participer. La seconde, c’est le café populaire. Il nous paraissait fondamental de rendre compte de notre mandat, en cas de sollicitation des citoyens et militants présents, dans des réunions ouvertes à toutes et à tous et pas seulement aux militants politiques de longue date. Face à la désillusion, à l’apathie, ouvrons grand les portes de nos réunions !

Un café riche de saveurs militantes

Le café populaire est un outil d’éducation populaire. C’est une évidence qu’il convient de rappeler. C’est un lieu de rencontres militantes, d’échanges d’informations, de formations aux méthodes d’éducation populaire politique (enquêtes citoyennes, ateliers des lois…). C’est également un lieu où les actions se cristallisent dans une logique d’auto-organisation.

La variété des participants, citoyens, élus, militants de longue date ou fraîchement investis, nourrit le débat d’idées. Les sujets de discussions reprennent les thèmes de l’Union Populaire ou désormais de la NUPES, les sujets nationaux et les sujets locaux, liant les trois dimensions. Ce discours global agit à la fois comme un chemin de militance où les gens lient les sujets locaux aux causes nationales, mais également comme une grille d’analyse permettant de mieux saisir les compétences des différents échelons politiques et d’identifier les leviers d’action.

La variété des participants et la multiplicité des parcours permet un dialogue riche. On a vu certains participants, experts dans leur champ professionnel ou via leurs parcours militants, préparer des interventions dans une dynamique d’auto-formation. A titre personnel, j’ai appris beaucoup au contact de militants aguerris, sachant manier à la fois la prise de recul et les réflexes d’analyse politique. Les thèmes de formation n’ont pas été formalisé, c’est peut-être un tort, l’actualité nous servant de porte d’entrée dans la discussion. Il est cependant difficile de formaliser un objet mouvant. C’est une piste pour l’avenir que la France Insoumise a identifé dans son dernier document : « Pour une majorité populaire« .

Au bout d’un an, le bilan est fort bon. Nous avions lancé cette initiative dans le cadre de la campagne présidentielle comme un outil d’éducation populaire et de mobilisation militante sur le modèle de ce qui se faisait déjà à Montpellier. Nous n’en espérions pas tant. Lancer des espaces de discussion politique, libres ou semi-guidés, permet de repolitiser à notre échelle tout en maillant le territoire local. Alors, bon premier anniversaire au café populaire lyonnais et aux nombreux qui suivront !