Ce monde qui recule me fait peur.

Tout nous glisse des doigts. Le monde agricole se soulève, à raison, et les paysans sont trahis par les centrales syndicales céréalières. La macronie répond à la crise d’un système par la réponse néolibérale standard : une dérégulation. Irresponsables et coupables. Les apiculteurs ont déposé il y a peu des centaines de ruches mortes place Bellecour. L’exploitation déraisonnée de la nature conduit à la mort lente de tout notre écosystème.

Après la terre, c’est l’école qui s’embrase. Le feuilleton Oudéa-Castéra n’en finit plus de remplir les colonnes des journaux. Et, à l’instant où la tempête se calme, la ministre ose lâcher au Sénat qu’elle supprime des classes car il n’est pas possible d’établir une réelle émulation dans des petites classes. Mise devant ses contradictions, elle s’enterre dans un mensonge que n’importe quel usager du système éducatif reconnait. Ces gens mentent, ces gens se promeuvent les uns les autres, voilà la Macronie. Un système de reproduction sociale éhonté. Ils ne se cachent même plus.

Après l’école, c’est le moral. L’apathie gagne les coeurs, la haine certains esprits. Tout cela est savamment entretenu par un écosystème médiatique qui attise la haine. On pourrait se dire qu’une campagne électorale se présage. Que les coeurs vaillants se remettront à l’ouvrage. Que notre camp social essaiera de prévaloir. La division à gauche et les faux appels à l’unité sont autant d’hypocrisie de la part d’une sphère d’apparatchiks autoproclamés. Pendant ce temps-là, tout nous glisse des doigts.

Personne n’est aujourd’hui en capacité de créer l’essentiel : l’espoir, un désir d’avenir meilleur pour construire ce qui doit l’être et abattre les murs qui nous encerclent. La stratégie de la peur, du conflit, doit cesser à gauche. La stratégie du cache-misère pour dissimuler les combines d’appareils doivent cesser. Le dégoût est partout, l’espoir nulle part. Alors à la lecture de ce poste, tu dois, lectrice, lecteur, sentir poindre ce sentiment d’amertume. Tout cela est un immense gâchis.

Le fait que je quitte l’organisation politique pour laquelle j’ai tout donné depuis 2016 me pèse. Ce n’était pas une décision légère mais elle était tellement nécessaire. Comme à l’époque du PS hollandiste, il était impossible pour nous de travailler sereinement. Un camarade syndicaliste de Solidaires était invité hier sur France Inter. Il a parlé de la grève des contrôleurs et le journaliste a voulu le piéger en lui rappelant qu’il s’agissait d’un mouvement construit par la base. Le camarade a répondu qu’accompagner le mouvement de la base était une aspiration de son syndicat. Le syndicat nous donne des leçons. La CGT, la FSU et Solidaires ont un cadre commun et planifié de discussions en vue d’actions communes, décorrélé de tout cadre électoral. Voilà ce qu’il faut faire. Mener par l’exemple et construire inlassablement les organisations, les cadres dont le futur s’emparera. Et c’est alors que l’espoir sera à nouveau là. Et à Lyon, comme ailleurs, le monde avancera à nouveau.