6 Avril: Marchons

La séquence politique de la réforme des retraites est effarante. Je ne reviens pas ici sur le cheminement législatif du projet entaché d’irrégularités. Le conseil constitutionnel en a été saisi et rendra son avis dans une dizaine de jours. Selon bon nombre d’observateurs, il est probable que le texte soit jugé inconstitutionnel. L’enseignement à tirer de cette séquence est la fragilisation de notre système démocratique qui apparait au grand jour dans le pays.

Cela est apparu au grand jour ce matin, lors de la rencontre entre la première Ministre, accompagné des ministres Guérini et Dussopt, et les responsables des principales centrales syndicales du pays. Après avoir fragilisé la démocratie institutionnelle par l’utilisation exotique d’articles de loi, puis l’utilisation du 49.3, c’est désormais la démocratie sociale qui est attaquée dans le pays.

Bien sur, cela n’est pas nouveau. Les phénomènes de judiciarisation et de criminalisation syndicale et militante ne sont pas nouveaux. Ils ont commencé sous le quinquennat Hollande. Le recul des droits humains en France est incroyable. L’ONU a même adressé une alerte à la France avec pour objet la dernière invention législative de la députée Bergé. Le ministre Darmanin réfléchit à arrêter les subventions à la Ligue des Droits de l’Homme. Souvenons-nous que ce sont précisément les observateurs de la LDH qui ont soulevé les méthodes inquiétantes mises en place par ce même ministre lors de la manifestation à Sainte-Soline. La pétition concernant la BRAV-M n’est plus disponible sur le site de l’Assemblée. Pour cause, elle a été ajournée par la commission des lois alors même que plus de 250 000 personnes sont signataires.

55 minutes. C’est le temps qu’aura duré la confrontation entre la première Ministre et les syndicats. 55 minutes pour entendre les mêmes éléments de langage. La Macronie n’aura même pas eu la vivacité d’esprit de faire évoluer son discours, non pas pour reculer, mais au moins par respect des interlocuteurs. La droitisation de la Macronie va plus vite que prévue. Le délitement du centre aura forcément des conséquences. La première est le soutien croissant des Françaises et des Français au mouvement social, conscient de l’attaque coordonnée qui est menée sur leurs droits.

La manifestation de demain est le 11ème rendez-vous syndical depuis le début du mouvement. Les mobilisations se succèdent dans les différents secteurs de production. Les premiers mobilisés laissent la place aux autres, notamment les jeunes. La force de la jeunesse s’est exprimée avec bruit et ferveur lors du dernier rendez-vous. La structuration d’une union syndicale étudiante est un signe encourageant pour notre camp social. La force va à la force. Les étudiants se mobilisent, se syndiquent et font vivre les caisses de grève. Le temps syndical n’est pas le temps politique. Demain, 11h à Jean Macé pour les Lyonnaises et Lyonnais. Marchons pour nos droits, le retrait de cette contre-réforme et marchons pour les droits humains.